Cet Article est extrait de la revue Parasciences.
Parmi les miracles
qui se produisent en ce bas monde, celui de la Guadalupe est sans doute
l’un des plus fascinants.
Le Père François Brune nous en parle sous forme d’interview.
L’histoire se déroule en décembre 1531. Un berger, Juan Diego, est
contacté par la Vierge qui lui demande d’apporter des roses à l’évêque
du lieu... Quand il apporte les fleurs, enroulées dans sa cape,
celle-ci laisse apparaître, parfaitement imprimée sur son revers,
l’image de la Vierge... Depuis, le mystère ne cesse de s’amplifier !
L’histoire de la tilma de Juan Diego a été longuement développée dans
le numéro 44 de Parasciences. Nous n’en donnons ci-dessous que les
aspects « techniques » les plus marquants...
François Brune : Le vêtement que portait Juan Diego est couramment appelé « tilma », c’est
une sorte de cape, de manteau sans manche, noué sur l’épaule droite. le
tissu est fait en agave, avec une trame lâche. Sa longueur oscille
entre 166 et 168 cm, sa largeur entre 103 et 105 cm.
L’agave est un tissu extrêmement fragile qui se conserve rarement plus
de vingt ans.
Pourtant, pendant cent seize ans, la tilma de Juan Diego a été exposée
sans vitre de protection.
Ce n’est qu’à partir de 1766 qu’on l’a protégée par une vitre.
Je vous laisse imaginer tout ce qu’elle a dû endurer : l’effet des
lampes, des cierges, des ex-voto qu’on y a accrochés, des linges, des
scapulaires que l’on venait frotter sur l’image. Sans compter les
fidèles qui venaient baiser l’image, la toucher, la caresser...
Parasciences : En somme, son état de conservation relève du miracle... A-t-on défini avec quels pigments est réalisée l’image ?
François Brune : Non,
justement. L’image est directement imprimée sur le tissu d’agave sans
aucun apprêt, ce qui est déjà une impossibilité technique. Toute
l’image, avec toutes ses couleurs, se voit aussi bien à l’endroit qu’à
l’envers de la « toile ».
Mais il y a plus extraordinaire : même au microscope, il s’avère
impossible de trouver la moindre trace d’un coup de pinceau. Les
couleurs forment une surface unie, comme sur une photographie.
Parasciences : Des scientifiques ont travaillé dessus ?
François Brune : Des
quantités. En 1936 le prix Nobel de chimie Richard Kuhn a analysé deux
fibres provenant de la tilma (une imprégnée de rouge et l’autre de
jaune). Il a conclu que les colorants sont d’origine inconnue : ni
végétale, ni animale, ni minérale.
Plus près de nous, en 1979, des chercheurs ont pris plus de cent
photographies de la tilma, certaines à l’infrarouge, d’autres avec des
lumières proches de l’ultraviolet.
Ils ont tiré plusieurs conclusions de leurs analyses.
1. Il n’y a pas d’esquisse sous-jacente à l’image, ce qui aurait prouvé
son origine « humaine ».
2. Après quatre cent cinquante ans, il n’apparaît aucun craquelé sur
l’image, ce qui n’arrive jamais avec une peinture.
3. Le bleu du manteau est un pigment inconnu. Ils ont écrit dans leur
rapport : « Le bleu du manteau est d’une intensité égale, non fanée...
d’un pigment bleu à demi transparent, inconnu... aussi brillant que
s’il avait été posé la semaine dernière ».
Parasciences : Vous ne nous avez pas parlé des yeux...
François Brune : C’est
là que le mystère devient encore plus fantastique. Les yeux paraissent
absolument réels et vivants. Quand des spécialistes les examinent avec
leurs appareils, ils leur semblent creux et brillants comme les yeux
des personnes vivantes.
Un médecin, le docteur Rafael Torija Lavoignet, a expliqué au frère
Bonnet-Eymard qui a réalisé une étude sur ce sujet : « Quand on dirige
la lumière de l’ophtalmoscope sur la pupille d’un œil humain, on voit
briller un reflet lumineux sur le cercle externe de celle-ci... En
dirigeant la lumière de l’ophtalmoscope sur la pupille de l’œil de
l’image de la Vierge, apparaît le même reflet lumineux. Et par suite de
ce reflet, la pupille s’illumine de façon diffuse donnant l’impression
de relief en creux... Ce reflet est impossible à obtenir sur une
surface plane et, qui plus est, opaque... J’ai par la suite examiné au
moyen de l’ophtalmoscope les yeux sur diverses peintures à l’huile, à
l’aquarelle et sur des photographies. Sur aucune d’elles, toutes de
personnages distincts, on n’apercevait le moindre reflet. Tandis que
les yeux de la Vierge de Guadalupe donnent une impression de vie ».
Mais il y a encore plus étonnant. Un chercheur, J. Carlos Salinas
Chavez, a découvert en 1951, avec une loupe, sur une simple photo en
noir et blanc, qu’il y a un homme barbu se reflétant dans l’œil droit
ainsi que dans l’œil gauche de la Vierge...
Le 20 septembre 1958, le docteur Rafael
Torija Lavoignet a découvert dans l’un des yeux que le phénomène de
Purkinje-Samson y est parfaitement respecté. Il s’agit là d’un
phénomène optique mis en évidence d’abord en 1832 par le docteur
Purkinje, et confirmé à Paris par le docteur Samson dans un ouvrage
publié à Bruxelles en 1838. Selon cette loi optique, un objet bien
éclairé se trouvant entre 30 et 40 centimètres d’un œil va s’y refléter
trois fois. Une fois dans le sens normal, la tête en haut, sur la
surface de la cornée, une deuxième fois, inversée, la tête en bas, sur
la surface antérieure du cristallin, et une troisième fois, à nouveau
en sens normal, sur la surface postérieure du cristallin. Les trois
images correspondent à des tailles différentes bien précises. Pour les
observer, il faut diriger vers l’œil un faisceau très étroit de lumière
intense et à courte distance. En imprimant au faisceau de lumière de
petits mouvements, on observe plus facilement ces images. Celles qui
sont en sens normal, la tête en haut, se déplacent alors dans le même
sens que le faisceau de lumière. Celle qui se présente inversée, la
tête en bas, se déplace dans le sens inverse du faisceau.
Au cours des années, de nombreux scientifiques ont confirmé toutes ces
découvertes.
Il ne faut pas oublier que ces reflets ne se trouvent que dans la
cornée des yeux et que, sur l’image, la cornée n’a que sept à huit
millimètres de diamètre. En outre, comme on peut le voir sur les
photos, les paupières de la Vierge sont à moitié baissées. Les images
obtenues sont cependant loin d’être aussi nettes qu’on le souhaiterait.
Mais cela provient surtout du fait que le tissu lui-même a une trame
trop lâche.
Il n’est pas sans intérêt de rappeler ici que l’existence de reflets
dans l’œil n’a été vraiment démontrée que dans les années 1880 par Von
Helmholtz. L’idée même d’essayer de peindre de tels reflets était donc
complètement impossible au XVIe siècle, sans parler des reflets de
Purkinje-Samson, de Tscherning, de Vogt et de Hess. Par ailleurs, une
telle finesse d’image était absolument inconcevable. Reste à savoir,
évidemment, comment ces reflets ont pu se former et s’imprimer ainsi
sur la tilma de Juan Diego comme sur une plaque photographique. On est
ici, dans l’état actuel de la science, en pleine folie. Mais les images
sont là. On ne peut simplement les ignorer.
Détail.
Parasciences : On a donc une idée précise de la scène qui se déroulait face à l’apparition...
François Brune : Oui.
L’homme barbu devait se trouver à une distance de 30 à 40 centimètres
des yeux de la Vierge au moment de la formation de l’image,
c’est-à-dire extrêmement près.
On a pu reconnaître ainsi, successivement, dans les yeux de la Sainte
Vierge : un Indien (probablement Juan Diego) , un franciscain très âgé
sur la joue duquel on croit reconnaître une larme (probablement
l’évêque Zumarraga), un jeune homme qui se tient la barbe dans une
attitude de grande perplexité (celui pour lequel le phénomène de
Purkinje-Samson a été vérifié), un autre Indien dont le corps apparaît
en entier, torse nu, les lèvres entrouvertes, dans l’attitude de la
prière, une femme aux cheveux crépus (probablement une servante noire
de l’évêque), une femme avec deux enfants et un bébé enveloppé sur son
dos, un autre homme avec un sombrero qui semble parler à cette femme,
un autre homme et une autre femme qui semblent observer la scène, une
partie d’un meuble et une partie de la courbe du plafond, etc.